Séminaire : co-production sociale de la ville et recherche citoyenne (Copolis)

Appuii, avec d’autres associations, est partenaire du programme de recherche Copolis financé par l’Agence Nationale de la Recherche. Cette recherche portée par des universités françaises et brésiliennes analyse les formes de coproduction sociale de la ville dans les quartiers populaires et précaires de ces deux pays. Ce vendredi (20/11) à 16h se déroule la première séance du séminaire.

A une époque où la participation citoyenne et le développement durable sont fréquemment évoqués comme éléments susceptibles de modifier en profondeur les politiques urbaines, plusieurs paradigmes se sont succédé. Parmi eux, la co-production urbaine, nous paraît réellement porteuse de changement et d’émancipation. Loin de la participation citoyenne « descendante » mise en œuvre, si ce n’est promue, par la majorité des politiques publiques, de nombreux pays voient se multiplier des expériences de planification populaires et des initiatives de co-production urbaine réunissant acteurs de la société civile, universités, professionnels de l’urbanisme, parfois appuyés par des acteurs intermédiaires. Ces initiatives constituent des innovations sociales substantielles pour une transition vers la durabilité, notamment dans les quartiers populaires et précaires. A rebours de l’écologisation des technologies, CoPolis insiste sur l’importance de l’outillage de la coopération citoyenne pour un développement durable et une ville juste.

Ce séminaire prend acte du potentiel transformateur et émancipateur de la co-production urbaine et insiste sur le rôle joué par les universités dans la co-production des savoirs dans les démarches de projet et de résistance à certains projets d’aménagement. Il s’appuie pour ce faire sur la longue histoire de la coopération et de la prise en charge collective et communautaire dans les secteurs urbains et professionnels en France et au Brésil. Ce projet explore par ailleurs le potentiel de la co-production pour l’adaptation aux enjeux de durabilité et de justice sociale: réduction des vulnérabilités sociales et environnementales, construction de formes plus démocratiques de gouvernance, empowerment des populations précaires et effets cognitifs de la co-production des savoirs. Il s’agit d’évaluer de façon critique ses impacts sur la société civile et le tiers secteur ainsi que sur la production d’un « urbanisme solidaire de la transition ». Dans chaque séance du séminaire, ces thématiques et enjeux seront explorés à partir de travaux et d’enquêtes menés au Brésil et/ou en France. Les présentations aborderont successivement quatre grands questionnements.

I. Genèse et conditions de développement des collaborations

Dans quel cadre la démarche de co-production se déroule-t-elle ? Peut-on préciser la nature de la demande sociale ou de la commande et la façon dont elle a été formulée puis transformée par les parties prenantes ? Quelles ont été ses motivations ? Autour de quels enjeux scientifiques, pragmatiques et politiques les acteurs de la coopération ont-ils défini la commande ? Quel a été l’équilibre entre objectifs cognitifs, scientifiques et ceux de transformation sociale ? Comment sont-ils associés à des catégories d’acteurs différentes?

II. Les relations entre les contextes politico-institutionnels et les configurations organisationnelles des pratiques collaboratives

Quelle a été la répartition des tâches au sein du projet ? A quelles phases les partenaires universitaires ont-ils contribué et de quelle façon ? Quelle a été la gouvernance mise en place pour la démarche ? De quelle(s) manière(s) les rapports de pouvoir inégaux ont-ils été pris en compte ? Quels ont été les mécanismes conçus pour assurer un équilibre entre les différents acteurs ? Comment a-t-on cherché à donner une participation et une capacité d’intervention effective aux différents partenaires ? De quelles manières la crise sanitaire et le renouvelllement des modes de communication et des pratiques de travail qui en découle ont-ils transformé les démarches de co-production déjà existantes ?

III. organisation et circulation des savoirs au sein de ces collaborations et le rôle joué par les acteurs intermédiaires

Quelle a été la place de la recherche dans l’ensemble de la démarche ? Comment a-t-elle été organisée, définie ? Comment s’est effectué le choix des méthodes et avec quels objectifs ? Quel a été le degré d’ouverture du dispositif à la diversité de publics potentiels, notamment des publics éloignés de la recherche ? De quelle façon l’éventuelle auto-censure des « profanes » a-t-elle été anticipée ? Quel rôle ont joué les acteurs intermédiaires ? Quelles postures et quels outils ont été mis en place pour organiser le dialogue entre les différents acteurs aux objectifs différents ? Avec quels résultats ? De quelle façon la collaboration entre différents acteurs contribuent-elle à l’hybridation de savoirs existants et à la constitution de nouveaux ? (Les différents savoirs, leur constitution, leur hybridation, leur validation…) De quelle façon la recherche participative contribue-t-elle à une redéfinition des postures, des positions des uns et des autres parmi ces pluralités d’acteurs ?

IV. ce que les recherches participatives produisent

On se posera la question de la légitimité scientifique, sociale et politique de ces recherches. Par quelles instances, individus, groupes est-elle posée et éventuellement évaluée ? De façon associée, quelle place ce type de recherche fait-il à la « neutralité » axiologique et comment bouscule t-il la dichotomie entre neutralité et recherche engagée ? Quels outils employer pour garantir l’objectivation de la démarche ? Comment évaluer les impacts de ces recherches en matière de durabilité, transformation sociale et d’empowerment (pouvoir d’agir, capacitation) ? comment bouscule t-elle la dichotomie entre neutralité et recherche engagée ? Quels outils employer pour garantir l’objectivation de la démarche ? Comment évaluer les impacts de ces recherches en matière de durabilité, transformation sociale et d’empowerement (pouvoir d’agir, capacitation) ?

Séance 1 | 20 Novembre 2020 – 16h00
L’ANR Co-Polis : une recherche participative sur la co-production urbaine
Agnès Deboulet (Paris 8 – CEDEJ – LAVUE) & João Sette Withaker (FAUUSP – LabHab)
Les recherches participatives à l’épreuve du politique : un état de l’art
Maïté Juan (LISE – CNAM)

Séance 2 – Recherche-Formation | 14 Décembre 2020 – 16h00
Co-construire une charte de relogement. Le cas de Franc-moisin à St-Denis
Diangou Traoré et François Xavier Bradant (Collectif des habitants de Franc-Moisin)
Christine Bellavoine (Sociologue, responsable du Secteur des études locales à la ville de Saint-Denis)
Discutante : Claudette Lafaye (Paris 8 – LAVUE)

Séance 3 | 19 Janvier 2021 – 18h00
La recherche au défi de la participation. L’ANR Pop-Part, Les quartiers
populaires au prisme de la jeunesse : une recherche participative
Marie Hélène Bacqué (Paris Nanterre – LAVUE) & Jeanne Demoulin (Paris Nanterre – CREF)