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20 Avril 2024 – Appuii participe à l’évènement Les Beignets Solidaires à Saint-Ouen !

Au programme : Rencontre avec certains collectifs, prises de parole autour des thématiques de l’ANRU et des différentes actualités autour du logement. Mais aussi buvette, concerts, vente de beignets…

Appuii tiendra un stand avec le collectif de Marcel Paul (Ile-Saint-Denis). Nous profiterons de cette occasion pour présenter l’Observatoire des projets urbains imposés et contestés.

Vous êtes les bienvenu.e.s à nous rejoindre !

L’équipe Appuii

Rendez-vous le 11 et 12 mars pour le colloque Copolis !

Vous trouverez ici le lien pour l’inscription.

L’équipe Copolis
https://copolis.hypotheses.org/

Le premier rapport de l’observatoire des projets imposés et contestés est sorti !

Ce rapport recense 44 exemples de contestation d’un projet urbain et donne la parole à des habitant·es mobilisé·es partout en France. Fondé sur 55 entretiens avec des collectifs contestataires, des porteur∙ses de projet et des observateur∙ices extérieur∙es, il documente des projets de rénovation urbaine, de résorption d’habitat insalubre, de transformation de foyers de travailleurs migrants et de densification ou d’accompagnement d’infrastructure.

Il est disponible ici

Dans ces contextes variés, le rapport souligne que les projets urbains sont encore largement imposés aux premier·es concerné·es. Il pointe les pratiques de déni de concertation, d’imposition et de répression auxquelles sont confronté∙es les habitant∙es qui veulent faire entendre leur voix. A partir d’exemple de mobilisations, il montre aussi comment les dynamiques citoyennes rendent visibles les écueils des projets urbains et préfigurent des alternatives pour une ville plus juste. Il s’achève sur 10 préconisations pour garantir une réelle participation des habitant·es dans les projets de demain.

Si vous souhaitez être tenu au courant des événements liés à la publication ou accueillir l’équipe de l’observatoire pour une présentation dans votre ville, n’hésitez pas à nous écrire : associationappuii@gmail.com.

« On a présenté notre proposition de loi à l’Assemblée Nationale ! »

Le 30 novembre dernier, avec 6 collectifs d’habitants, APPUII, la Commission Rénovation Urbaine d’Étouvie, Pas Sans Nous et la Fondation Abbé Pierre, avec le soutien de Vox Public, ont présenté leur proposition de loi visant à démocratiser la rénovation urbaine et le logement. Parrainée par François Piquemal (LFI-NUPES) et Charles Fournier (EELV-NUPES), cette réunion a permis à la dizaine de députés présent.es de la NUPES et Renaissance d’écouter les constats faits par les collectifs d’habitants mobilisés, et réagir aux propositions des associations.

L’ensemble de la proposition est disponible ici.

Il est 9h, les collectifs et associations attendent l’arrivée des derniers députés retardataires. La réunion commence. Charles Fournier et François Piquemal expliquent les raisons qui les ont poussés à parrainer cet évènement. Le premier rappelle son engagement pour la démocratie et son souhait de permettre aux citoyens d’être porteurs d’initiative législative. Le second souligne son militantisme continu contre le mal-logement et les problèmes que pose la rénovation urbaine.

Après cette brève introduction, Xavier de la Commission Rénovation Urbaine d’Étouvie à Amiens raconte la genèse de cette initiative, de la mobilisation contre la démolition d’un des immeubles du quartier à une boutade prise au sérieux par le député François Ruffin. À son tour, Romain de l’APPUII revient sur l’exposé des motifs de la proposition : arguments urbanistiques fallacieux, coûts écologique, économique et social exorbitants, absence de démocratie… Chaque argument est illustré. Fatima du Comité DAL 78 explique qu’au Valibout à Plaisir, la mairie prévoit la démolition d’immeubles qui viennent d’être réhabilités il y a moins d’un an. Houcine du collectif du Bois de l’étang à La Verrière raconte la présence de la police à chaque concertation. Pour Florian, habitant de l’Alma Gare à Roubaix, les concertations n’étaient que par visioconférence…

Même si une députée de Lorient illustre une concertation et rénovation réussie, les autres concordent majoritairement avec les constats faits. Ils soulignent la complexité de ces projets et l’influence forte de l’ANRU dans le choix des opérations.

Bénédicte de la Coordination nationale Pas Sans Nous expose les 4 propositions défendues par le collectif d’associations :

  • créer un « fonds pour une démocratie d’initiative citoyenne » pour permettre de financer l’organisation collective des citoyens et des possibilités de contre-expertise indépendante ;
  • garantir le droit à l’information et d’initiative des habitants en matière d’urbanisme pour co-construire les politiques de rénovation urbaine ;
  • garantir une animation neutre de la concertation, équitable et indépendante ;
  • organiser à la demande des citoyen·ne·s, des  « assemblées de comptes à rendre » durant tout le processus de rénovation urbaine.

En cette période d’élection de locataires, elle souligne également l’importance de permettre à des associations de locataires de pouvoir candidater sans être affiliées à une fédération nationale, chose qui n’est désormais plus possible.

Les collectifs illustrent très concrètement telle ou telle proposition. Ida du Sanitas à Tours présente comment l’accompagnement technique était nécessaire pour pouvoir construire un projet alternatif et ensuite négocier avec la mairie et Bouygues pour qu’il soit véritablement réalisé. C’est également ce qu’illustre Antonio de l’Atelier Populaire d’urbanisme de Fives, dans l’accompagnement qu’ils mènent avec les habitants de l’Alma Gare. Félix de la Fondation Abbé Pierre souligne l’enjeu de financer les initiatives citoyennes de ce type pour permettre l’expression directe des personnes directement concernées par les problématiques de mal-logement.

Même si certains points d’éclaircissement semblent parfois nécessaires, les propositions font globalement consensus chez les député.es présent.es. François Piquemal et Charles Fournier concluent finalement cette réunion en envisageant des suites pour cette proposition de loi citoyenne : mise en place d’une commission d’enquête parlementaire sur la rénovation urbaine, éventuelle proposition de loi dans le cadre de la « niche parlementaire » des groupes d’opposition, possibilité d’amendements dans de futures lois sur le logement… Le dialogue entre collectifs, associations et parlementaires doit se poursuivre dans les prochains mois pour renforcer et faire avancer nos propositions.

L’ensemble des associations et collectifs présent.es tiennent à remercier François Piquemal et Charles Fournier d’avoir accueillis cet évènement au sein de l’Assemblée Nationale.

26 novembre 2022 : Premier événement public au Clos Français – La Noue (Montreuil, 93)

Samedi 26 Novembre, le collectif des habitants de La Noue – Clos Français et les associations du quartier ont organisé un événement public pour parler du projet de rénovation urbaine proposé par l’ANRU.

En effet, le projet NPNRU prévoit la démolition de 96 logements et la réhabilitation de 429 pour la phase 1, qui concerne exclusivement le secteur du Clos Français. Annoncés depuis 2018, les travaux devraient débuter d’ici février 2023, pourtant de nombreuses inconnues persistent (résultats du diagnostic amiante, nature des travaux, nuisances…). Ainsi la rencontre a eu pour but d’aboutir à un courrier commun envoyé à l’ensemble des décideurs. 

Une centaine de personnes se sont réunies sur le terrain qui devrait accueillir la future école maternelle du quartier. C’est ici, à quelques pas derrière le centre social du 100 rue Hoche sur les terres occupées par les jardins partagés, que les habitants ont pris la parole pendant près de trois heures, afin de partager leurs informations et leurs inquiétudes sur le futur chantier. Les associations étaient aussi présentes, telles que le DAL HLM nouvellement constitué pour le quartier, une association de médiation culturelle portée par les habitant.e.s -Médiatess, certains membres du conseil citoyen, et APPUII qui a animé la session. 

Pour atteindre l’objectif, les bénévoles et membres d’APPUII ont exposé des cartes illustrant les démolitions prévues, les enjeux et les conflits de la rénovation urbaine, la modification des espaces publics et des équipements. Les locataires ont également pu se renseigner sur les droits au relogement qui concernent certains. 

Cette rencontre sous les barnums chauffés s’est accompagnée d’un repas collectif, chorba, soupe de courges et barbecue étaient au menu. Les locataires ont pu se rencontrer, échanger leurs coordonnées, rentrer dans la boucle whatsapp dédiée et ont décidé de se revoir bientôt afin de ne pas laisser retomber la mobilisation. Affaire à suivre en janvier avec l’arrivée des étudiants en architecture de l’Ensa-Paris La Villette sur le quartier. 

Si vous souhaitez plus d’information sur ce projet ou la mobilisation, n’hésitez pas à contacter :

Le DAL Montreuil : lanouelogementdigne@gmail.com ou l’association APPUII : associationappuii@gmail.com

Et retrouvez le courrier envoyé : ici.

18 novembre 2022 : tou-tes à Fresnes pour la sortie du livre « Lutter pour la cité »

Les membres de l’association Appuii sont fiers de vous annoncer la sortie du livre sur lequel nous avons travaillé d’arrache-pied ces trois dernières années. Ce livre s’intitule « Lutter pour la cité, Habitant·es face à la démolition urbaine » et paraîtra le vendredi 18 novembre aux Éditions de la dernière lettre.

A commander dès maintenant

Il est déjà en pré-commande sur Ulule : https://fr.ulule.com/lutter-pour-la-cite/ Plus que 4 jours pour cette pré-commande : plus de temps à perdre pour commander son exemplaire !

https://www.youtube.com/watch?v=lPMmtXSvhno

Pour cette sortie, nous vous convions toutes et tous à la Salle Aimé Césaire, 1 mail Aimé Césaire à Fresnes, le vendredi 18 novembre à 19h. Venez nombreux-ses !

Voici le sujet de ce livre :

Qu’est‑ce que l’Anru et quels sont ses impacts sociaux ? Et si réhabiliter les bâtiments était plus écologique et moins cher que les démolir puis les reconstruire ? Connaissez‑vous les pratiques des architectes Kroll, Lacaton et Vassal, Ricard ou Siza ?  Aux Groux, en banlieue sud de Paris, les locataires se battent pour leurs droits depuis l’annonce en 2015 de la destruction programmée de leur cité. Rencontre exceptionnelle avec quatre femmes au cœur de cette histoire, Lutter pour la cité est aussi une boîte à outils pour qu’enfin la ville se fasse à partir de ses habitant·es. Critique de la « rénovation urbaine » telle qu’elle se fait aujourd’hui, cet ouvrage présente les alternatives architecturales, sociales et politiques qui se développent en France et à l’étranger.

3 ans, 3 auteurs et 3 parties

3 ans

3 ans pour que le projet de livre germe, d’abord sous l’impulsion de Maxime Poumerol d’Appuii et Claire Pelgrin de Renaissance des Groux ; pour recueillir quelques soutiens ; pour mener plusieurs séries d’entretiens avec les locataires de la cité des Groux à Fresnes et membres d’Appuii en pleine période de covid ; pour recueillir les éclairages des sociologues Julien Talpin et Agnès Deboulet, des architectes Jean-Philippe Vassal et Sophie Ricard ; pour consulter les archives et faire de nombreuses recherches ; pour réaliser dessins et photos ; pour mettre en place des ateliers d’écriture ; pour construire ensemble l’architecte du livre ; pour rédiger petit à petit l’ensemble des textes ; pour faire d’innombrables relectures et allers-retours ; pour mettre tout ça en forme (merci au passage aux maquettistes et graphistes) et enfin envoyer le « bon à tirer » à l’imprimeur…

3 ans, c’est pas mal, mais ce n’est finalement qu’une partie du chemin, un bout, un aperçu des combats et engagements de Renaissance des Groux et d’Appuii, qui fêtent respectivement leurs 7 et 10 ans d’existence cette année.

3 auteurs

« Lutter pour la cité » est le fruit des efforts conjoints de trois collectifs : Renaissance des Groux, association d’habitant-es de la cité des Groux à Fresnes dont le combat est le point de départ du livre ; Appuii, qui accompagne depuis 2012 des collectifs en lutte contre des projets urbains imposés pour les aider à se défendre et à se faire entendre ; enfin, le collectif Tenaces, composé de membres et ex-membres de Z, revue itinérante d’enquête et de critique sociale.

Un livre fabriqué collectivement donc, à plusieurs mains et à plusieurs voix, entre témoignages oraux et documents écrits, entre textes et images, entre doutes individuels et discussions collectives.

3 parties

La première est « La vie qu’on mène » : témoignages à la première personne d’habitant-es de la petite cité des Groux à Fresnes, Val de Marne, qui parlent de leur histoire et de la vie quotidienne de ce quartier populaire, mais aussi de leur mobilisation déterminée. On découvre ces vies que les politiques de démolition attaquent, affectent et brisent parfois, comme si le logement social ne comptait pas. Des pages « focus » donnent également des éclairages sur l’importance des grands jeux collectifs dans la cité, sur les rapports avec la police, sur l’ampleur des mariages ‘mixtes’, sur la période d’épidémie de drogue…

La deuxième est « Décider pour nous-même » : récit chronologique de sept années de lutte en quinze épisodes. Avec, pour chacun des épisodes une « fiche-outil » qui construit un véritable manuel de lutte utile à ceux qui se voient ou se verront imposer une « rénovation » urbaine : comment monter un collectif, gérer les relations avec la presse, tenir un rapport de force dans la durée, produire une contre-enquête avec les habitants, solliciter ses étudiants et enseignants-chercheurs pour un autre projet, etc.

La troisième est « Prendre soin, bâtir avec » : Face à la démolition urbaine, des alternatives existent ! Il y a d’abord le retour de la réhabilitation-nondémolition promue au début des années 80 dans laquelle trois générations d’architectes se retrouvent : L. Kroll, A. Lacaton et J.-Ph. Vassal et S. Ricard. Il y a aussi les projets politiques de Vienne la Rouge ou des SAAL de la Révolution portugaise de 1974. Il y a enfin des alternatives décentralisées et citoyennes qui font appel aux matériaux écologiques, à l’autoconstruction, etc.

Le chapitre comprend un « grand entretien » avec Jean-Philippe Vassal, de l’agence Lacaton-Vassal dont

l’attribution du Pritzker en 2021 vient légitimer le refus de la démolition.

De la cité des Groux à Fresnes, ce livre nous aura conduit à Poissy, Melun, Saint-Denis, Montreuil, Dijon, Roubaix, Montpellier, Marseille, Bordeaux, Boulogne-sur-Mer, et encore à Zurich, Barcelone, Lisbonne, Dakar, Salvador de Bahia…

On y croise les cités de transit, les premières actions de réduction des risques liés à l’héroïne, les après-midi dansantes de Fresnes, les Castors de l’après-guerre, le Mouvement de l’Immigration et des Banlieues (MIB), le « community organizing » américain, Un centre-ville pour tous à Marseille, les Ateliers populaires d’urbanisme de Roubaix, le Service ambulant de soutien local portugais, les Compagnons bâtisseurs, Habitat participatif France, le Collect’IF Paille, la Fondation Abbé Pierre…

On s’intéresse au travail d’architectes comme Lucien Kroll, Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal, Sophie Ricard, Alvaro Siza et Lacol engagés du côté des habitant-es, contre la démolition de logements et pour des habitats, confortables et accessibles, qui ne nient pas l’existant mais s’appuient dessus.

> Renaissance des Groux, Appuii et le Collectif Tenaces, Lutter pour la cité, Habitant·es face à la démolition urbaine, Éditions de la dernière lettre, 2022, 224 pages – 21 X 25 cm, ISBN 9782491109080

A commander dès maintenant : https://fr.ulule.com/lutter-pour-la-cite/

[dossier de presse à télécharger]

Retour sur les rencontres estivales d’APPUII

jeudi 8 septembre 2022 source : sciencescitoyennes.org

Appuii a profité de l’été pour participer à quelques rencontres et autres universités d’été pour faire connaître le travail fait avec les habitant.e.s des quartiers populaires, mais aussi naturellement pour entendre ce qui se passe ailleurs, et esquisser des rapprochements : conférence sur la rénovation urbaine le 27 août à Valence pour les Amfis d’été, ou participation active au JESER le même jour à Lyon, ce qui est présenté ici, alors que les rencontres Pas sans nous à Montpellier se voyaient annuler.

L’Association sciences citoyennes (https://sciencescitoyennes.org/) vise à (re)donner information et pouvoir aux citoyen.ne.s sur les choix scientifiques et techniques que les pouvoirs publics font, le plus souvent sans débat démocratique et de façon peu transparente, ce qui rappelle quelque chose à APPUII. Elle est, au sein d’un collectif plus large, à l’initiative des premières Journées d’été des savoirs engagés et reliés (JESER) qui se sont déroulées à Lyon du 27 au 29 aout, auxquelles elle a invité APPUII.

Ces journées (voir programme) s’organisaient autour d’exemples concrets de productions de connaissances en lien avec des enjeux socio-écologiques majeurs, et elles ont d’abord été pour nous l’occasion de sortir de nos domaines familiers (la ville, la démolition urbaine, la vulnérabilité, la solidarité…) pour s’ouvrir d’autres sujets, et pour voir comment les sciences dures, largement représentées, pourraient étayer des décisions politiques plus (ou plutôt enfin) responsables (voir une première synthèse ) ! C’est ainsi que la table ronde à laquelle participait APPUII faisait intervenir, notamment, la CRIIRAD, un organisme unique pour son indépendance sur le nucléaire, qui corrélait les manques systématiques de données sur le rayonnement nucléaire et difficulté de débattre sur ces questions, ainsi que le Réseau Santé Public, qui soulignai la suppression progressive de tous les moyens de mesurer les méfaits des composants chimiques ou la manipulation des seuils et autres effets cumulatifs. Ce dernier point n’est pas sans rappeler que, dans le monde du travail, la suppression des CSHCT (Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail) par les « ordonnances Macron » de janvier 2020 rendrait probablement impossible aujourd’hui un procès comme celui de France télécom (Cf. « Harcèlement au travail et harcèlement sur le logement : le procès France Telecom et la rénovation urbaine », newsletter d’ APPUII du 8 janvier 2020). ATD quart monde constatait de son côté, toujours en encore, que ceux qui parlent de la pauvreté n’en ont pas l’expérience, qui fonde pourtant un véritable savoir (Elena LasidaMichel RenaultMarianne de Laat et Bruno Tardieu, « Le savoir de l’expérience de la pauvreté. Étude à partir d’une recherche participative sur « les dimensions de la pauvreté avec les premiers concernés » », Participations, n°° 32, 2022/1, Recherches participatives et épistémologies radicales, pages 93 à 125).

Appui a donc participé à cet après-midi d’échange en présentant l’association, et en insistant sur le fait que nous étions à la fois du côté de la production de connaissances alternatives (Cf. les enquêtes menées auprès et avec des habitant.e.s), mais aussi, par notre objet même, du côté de l’action, en particulier avec la production et l’accompagnement de projets alternatifs (très concrets) qui ouvrent d’autres voies issues des habitant.e.s et renforcer ou relancer ainsi des mobilisations dans les quartiers populaires. Les questions posées par les participant.e.s ont permis de revenir sur la notion « d’alternative » dans les projets, qui ouvre de nouveaux choix et permet de forger de nouveaux accords, ou de percevoir le lien entre des projets architecturaux ou urbains et les enjeux de santé publique, lorsqu’il mettent en œuvre des produits issus de la pétrochimie, et en particulier des plastiques (sols, revêtements muraux…). La dernière question, venant d’un jeune ingénieur, visait la façon dont les intellectuel.e.s engagé.e.s s’investissent dans des rapports de force ; on peut bien sûr répondre en évoquant les coopérations APPUII, Universités, Ecoles d’architecture et recherche. On peut surtout souligner le pouvoir d’agir des étudiants dans leur établissement, question politique réelle et particulièrement d’actualité cette année : ce sont en effet les mobilisations des étudiant.e.s de certaines Grandes écoles (Cf. l’appel à déserter de huit diplômés d’AgroParisTech le 30 avril ou la tribune des étudiants de l’ENS pour une recherche davantage connectée à la société parue le 11 mais dans Le Monde) qui ont obligé leurs directions à sortir du déni (ou de la réserve !) pour prendre le train en route (Cf. la tribune de F. Worms directeur de l’ENS dans Le Monde du 23 juillet 2022). Dans ce champ de forces, aux enseignant.e.s-chercheur.e.sde se déterminer : vont-ils ou vont-elles aider les étudiant.e.s à construire leur pouvoir d’agir collectif ou se rangeront-ils ou elles du côté de la neutralité, donc du déni ?

La dernière question, venant d’un jeune ingénieur, visait la façon dont les intellectuel.e.s engagé.e.s s’investissent dans des rapports de force ; on peut bien sûr répondre en évoquant les coopérations APPUII, Universités, Ecoles d’architecture et recherche. Mais on peut aussi élargir la question au pouvoir d’agir des étudiants dans leur établissement, question politique réelle et particulièrement d’actualité cette année : ce sont en effet les mobilisations des étudiant.e.s de certaines Grandes écoles (Cf. l’appel à déserter de huit diplômés d’AgroParisTech le 30 avril ou la tribune des étudiants de l’ENS pour une recherche davantage connectée à la société parue le 11 mais dans Le Monde) qui ont obligé leurs directions à sortir de la réserve, ou plutôt du déni, pour prendre le train en route (Cf. la tribune de F. Worms directeur de l’ENS dans Le Monde du 23 juillet 2022). Dans ce champ de forces, aux enseignant.e.s-chercheur.e.sde se déterminer : aider les étudiant.e.s à construire leur pouvoir d’agir collectif, ou se tenir en retrait ? On retrouve là les questions à l’origine, dans d’autres contextes, d’APPUII.

À Montreuil, La Noue et le Clos-Français se mobilisent

Le quartier de la Noue – Clos Français à Montreuil est ciblé par un projet de rénovation urbaine. Ce projet prévoit, entre autres, la démolition de 92 logements sociaux et de deux galeries commerciales, la construction de 690 logements et la résidentialisation et réhabilitation d’une partie des logements déjà existants.

Logements concernés par la démolition, rue du Clos Français , source : APPUII 2022

Bien qu’une concertation ait été mise en œuvre depuis 2018, certaines opérations sont contestées. Un collectif d’habitants, en partenariat avec l’association Media Tess et Verdragon, s’est structuré pour participer activement à la construction de ce projet. Ce collectif a alors fait appel à APPUII pour les accompagner dans ce travail.

Réunion de quartier autour du projet de rénovation urbaine, 4 juillet 2022, source: APPUII

Au cœur des opérations contestées, la démolition de la tour E qui est en pourparlers entre les décideurs. Les habitants attirent aussi l’attention sur l’urgence de réhabiliter les anciens appartements du Clos Français, dont certains sont insalubres. Une exposition photo des intérieurs dégradés est en cours l’élaboration et fera l’objet d’une exposition nomade dans tout le quartier.

Centre commercial (dit « le Tunnel ») concerné par les démolitions, source: APPUII 2022

Pour cette année, il s’agira dans un premier temps de comprendre l’ensemble des tenants et aboutissants du projet de rénovation urbaine, d’identifier les points de désaccord, puis dans un second temps, de construire des propositions urbaines pour sortir de ces désaccords. L’ensemble de ces travaux se feront avec le collectif et les habitants du quartier.

Pour contacter le collectif : lanouelogementdigne@gmail.com

Rapport d’activités 2021 : découvrez nos projets !

Vous l’attendiez, il est là ! Dans ce rapport d’activité, vous retrouverez toutes les actions d’APPUII ! Il résume l’ensemble de nos activités et de nos victoires pour que vous puissiez avoir un aperçu de qui nous sommes et de ce que nous faisons. L’ensemble de ces actions n’aurait pu voir le jour sans l’équipe permanente, et encore moins sans l’ensemble des bénévoles. Alors merci à eux !

L’année 2021-2022, post COVID, a été une année où nous avons pris un grand plaisir à retrouver physiquement les habitants avec qui nous travaillons, et qui plus est « chez eux ». Cette année a permis de consolider les actions de soutien à des collectifs d’habitants, en prolongeant des coopérations existantes et en en déployant de nouvelles.

La perspective de fêter nos 10 ans a aussi été l’occasion de poser quelques éléments de bilan au long cours, de se mettre collectivement d’accord sur la nécessité de capitaliser/publiciser les actions menées par APPUII et les collectifs d’habitants, de passer à une phase d’interpellation plus directe, et de chercher un modèle économique « moins fragile », nous permettant de projeter nos actions à plus long terme.

Nous tenons à remercier les salariés et bénévoles pour avoir amené Appuii jusqu’à ses 10 ans et pour avoir donné encore un souffle nouveau aux projets portés par l’association. Nous souhaitons aussi remercier nos financeurs sans qui nos actions et soutiens ne seraient pas possibles.

EN 2021, NOUS AVONS CONSOLIDÉ

Notre organisation interne : le fonctionnement autour d’un bureau élargi mensuel. Celui-ci a permis de faire des liens plus directs entre les actions de terrain et l’organisation interne, mais aussi de donner de nouvelles places à certaines bénévoles qui restaient jusque-là un peu au second plan de certains arbitrages quotidiens qui ont un réel impact sur le projet de l’association.

Notre expertise technique, en développant des démarches de contre-expertise (économique, sociale, et environnementale) plus poussées et en aboutissant un projet alternatif (Le Bois de l’Etang à La Verrière).

Une approche par territoires : le déploiement de projets transversaux pour mieux saisir ce qui se joue à des échelles territoriales en matière de transformations socio-urbaines (Plaine Commune) et de solidarités informelles dans le contexte de crise sanitaire (la recherche-action Solidarité Post Covid dans 5 villes dans les Yvelines).

La prise de recul par rapport aux actions portées par Appuii, principalement dans le cadre de l’ANR CoPolis. Cette recherche vise à une comparaison à d’autres activités d’intermédiation et d’expertise citoyenne portées par des structures associatives hybrides telles qu’Appuii (habitants, universitaires, professionnels) en France et au Brésil.

EN 2021 NOUS AVONS OUVERT DE NOUVELLES PERSPECTIVES

La formation : la certification QUALIOPI (avec l’association Capacités). Appuii porte notamment le volet relatif aux questions de relogement (organisation, droits, etc.).

La participation à la réponse à un projet de recherche-action européen : Horizon Europe sur Inégalités et participation (projet « Fairville »).

LES TERRAINS

Nous recevons régulièrement des sollicitations auxquelles nous ne pouvons répondre systématiquement : pour des raisons matérielles mais aussi car elles nous paraissent parfois sortir de nos champs d’intervention. De plus en plus de sollicitations nous proviennent de territoires en dehors de la région Ile-de-France.

En 2021, nous avons entamé des nouvelles collaborations dans différents quartiers :

– Dans le quartier du Valibout à Plaisir (78), avec le comité Dal 78, nous avons engagé un accompagnement technique pour com- prendre le projet de rénovation urbaine.

– A Pierre Sémard, au Blanc-Mesnil (93), des étudiants ont travaillé avec le collectif d’habitants pour les soutenir face à la démolition partielle envisagée de leur quartier.

– Dans le quartier du Mail à Vélizy (78), en soutien à l’amicale de locataires d’un immeuble prévu à la démolition dans le cadre d’un projet immobilier, nous avons préfiguré les bases d’un projet alternatif.

-Au Levant, dans la commune des Andelys (27), APPUII a accompagné le comité de locataires face à la démolition annoncée de leurs immeubles

Cette année a également été l’occasion d’un travail inédit pour APPUII avec l’association Renaissance des Groux à Fresnes et les Éditions de la Dernière Lettre, autour de la co-écriture d’un ouvrage retraçant la lutte de ces habitants pour la préservation de leur quartier.

2021 rime aussi avec victoire : dans le quartier Robert Schuman, le collectif d’habitants, APPUII et la coordination nationale Pas Sans Nous ont réussi à obtenir des engagements de la mairie en faveur de la non-démolition du quartier.

Progressivement, de nouvelles demandes émergent. L’année 2022 sera riche de collaboration comme à la Maladrerie Maladrerie (Aubervilliers), sur la ZAC Basilique (Saint-Denis), La Noue (Montreuil), ou le quartier Campanile (Marseille)

L’équipe salariée, soutenue par des stagiaires et bénévoles, a été présente de façon continue sur 4 terrains exemplaires et démonstratifs (interventions pérennes), de façon plus ponctuelle sur 8 autres et en conseil auprès de plus d’une dizaine de collectifs d’autres terrains.

Leurs actions se déploient en accompagnement technique et en appui à la mobilisation. Elles sont détaillées dans la suite du rapport d’activité, et dans le cas de certaines collaborations, elles donnent lieu à des preuves quantifiées (bilan carbone de la démolition, coût économique, coût social).

L’ensemble du rapport d’activité est disponible ici.

Khedidja MAMOU, avec les membres du bureau