Copolis (séminaire) : mobilisation et co-production urbaine face aux JO, de Rio de Janeiro et Paris

Mercredi 9 mars 2022 à 18h00 (Paris) se tient le séminaire de l’ANR Copolis. Il vise à penser les pratiques de co-production urbaine et leurs effets, dans une perspective comparative, à partir d’expériences basées dans les quartiers populaires en France, au Brésil et ailleurs. Marianna Kontos (CRH-LAVUE) et Neiva Vieira (UERJ-EHESS) partageront leurs recherches et seront discutées par Martine Drozdz (LATTS). L’inscription est ici.

Le projet ANR CoPolis  » Co-production sociale de la ville et recherche citoyenne. Regards croisés sur les quartiers populaires et précaires en France et au Brésil  » est porté par l’UMR LAVUE (Université Paris Nanterre), le LabHab (Université de São Paulo), l’ANR et la FAPESP, en collaboration avec plusieurs partenaires universitaires et associatifs en France et au Brésil.

Vous trouverez sur ce lien l’affiche de ce séminaire ainsi que la programmation du séminaire pour l’ensemble du semestre.

Publicité

Cité Youri Gagarine (Romainville-93) : un projet sans démolition est possible


 Le samedi 12 février, les anciens étudiants de l’école d’architecture de La Villette ont présenté leur proposition de projet sans démolitions aux habitants du quartier. Très bien accueillie par ces derniers, elle offre une alternative crédible aux hypothèses de rénovation urbaine envisagées par la mairie.

Dans le cadre de la concertation de la phase 2 du projet de rénovation urbaine, 3 scénarios de projets sont mis en débat. Ils prévoient tous la démolition de 2 nouveaux immeubles, en plus du bâtiment H (prévu dans la phase 1) et de la construction de 500 nouveaux logements (dont 158 sociaux). Aucun d’eux n’envisage de préserver l’existant, alors que des solutions techniques existent et qu’il semble aberrant de démolir des immeubles en bon état qui sont à peine au quart de leur vie. (Un immeuble de ce type à une durée de vie moyenne de 150 à 200 ans).

Mohamed Gholam et Damien Ardanuy, deux anciens étudiants de l’école d’architecture de Paris La Villette, envisagent cette hypothèse sans démolitions dans leur projet de fin d’études (PFE). Réalisé en concertation avec les habitants lors d’ateliers de réflexion organisés en 2021, il respecte deux grands principes : la nécessité de densifier la cité Gagarine face à l’augmentation de la demande de logements ainsi que le souhait des habitants de rester habiter dans le quartier. Le scénario proposé permet de préserver tous les bâtiments de la cité Youri Gagarine excepté les bâtiments prévus à démolition lors de la phase 1, c’est-à-dire les bâtiments B et le D.

Dans le projet, l’îlot type reprend un modèle d’îlot ouvert, végétalisé en son centre. Les arbres existants sont conservés et l’aménagement d’une noue paysagère permettant de mettre de la distance entre le parking et le bas de l’immeuble. Le parking sera doté d’un revêtement perméable en gravier et en pavé de pierres disjoint. Un nouveau bâtiment reprenant les qualités des logements existants permet de répondre au besoin de densification de la cité tout en préservant au maximum les espaces verts existants.

La réhabilitation des bâtiments s’axe en priorité sur le travail des façades. Au sud, les façades sont conservées. En effet, les façades de béton préfabriqué, ornées de mosaïques, sont un véritable symbole de la cité Youri Gagarine. Dans ce sens, seules les loggias sont fermées pour créer des jardins d’hiver. Au nord, les fenêtres seront remplacées par de grandes baies vitrées. De plus, une structure en poteaux bois soutenue par la façade existante permet d’offrir un espace de vie supplémentaire, espace tampon avec l’extérieur et favorisant une meilleure isolation thermique du logement. Les logements seront réhabilités en concertation avec les locataires. Le chantier en milieu occupé doit donc être le moins contraignant possible pour les habitants.

Suite à cette présentation, les habitants mobilisés demandent que le projet alternatif devienne le quatrième scénario à mettre en dialogue pour la concertation.

L’ensemble du projet est disponible ici.


Pour plus d’informations, vous pouvez nous contacter :

associationappuii@gmail.com

Le Mail (Vélizy-78) : Lettre ouverte à Pascal Thévenot, maire de Vélizy

Mercredi 16 février, une cinquantaine de Véliziens se sont réunis devant le conseil municipal pour s’opposer à la démolition 150 logements et demander une véritable concertation sur le projet urbain. A cette occasion, l’amicale de locataires du Mail, à l’origine de la manifestation a remis sa pétition avec plus de 480 signatures et une lettre ouverte que nous reproduisons ici.

« Monsieur le Maire

En 2020, dans votre programme pour les municipales, vous écriviez : «En concertation avec les véliziens et les commerçants, le Mail sera transformé en un véritable cœur de ville… L’arrivée de nouveaux services dont la médiathèque, un nouveau marché et l’ouverture vers l’Onde et  le centre sportif Robert Wagner apporteront dynamisme et convivialité au quartier».

Nous ne pouvions qu’être d’accord.
Dans la réalité ça s’est passé autrement :
Le 17 juin 2021, vous invitiez les habitants du quartier à une réunion d’information (nous ne sommes déjà plus dans la concertation) vous annonciez brutalement  à l’assemblée stupéfaite la destruction le immeuble (du 4 au 26) avenue Sadi Lecointe et de 2 cages d’escalier rue Paulhan. Vous aviez  juste oublié de l’écrire dans votre programme, il est vrai que pour se faire élire ce n’est pas très porteur.

Les 20 appartements de la rue Paulhan seront sacrifiés pour laisser le passage à une rivière et la destruction de l’immeuble et du parking avenue Sadi Lecointe laissera la place à un promoteur qui construira 4 immeubles en accession à la propriété. « Il faut apporter de la mixité sociale au quartier » nous avez-vous dit lors de la réunion d’octobre !

Des locataires des logements destinés à être démolis se sont donc regroupés en Amicale pour s’opposer à ces destructions et engager une véritable concertation. Ce projet s’avère discutable à plusieurs égards :

1/ Il se fait contre l’avis des habitants. Nous avons  menée une enquête avec l’association APPUII, qui a démontré que 93% des locataires des logements prévus pour la démolition, sont satisfaits de leur logement et de leur quartier. (A noter que pendant cette enquête certains locataires nous disaient « tiens vous faites le boulot du Maire, lui n’est pas venu nous demander notre avis ! »).

2/ Même si la création d’espaces verts et d’une « rivière » fait penser à un verdissement de la ville, le projet est nuisible à l’environnement. La durée de vie moyenne d’un immeuble est de 150 à 200 ans. En 30 ans, la démolition/reconstruction génère de 25% à 40% d’émission de gaz à effet de serre de plus que la réhabilitation. 

3/ Il augmente les difficultés pour se loger. Alors qu’aujourd’hui la ville ne respecte pas les 25% de logements sociaux prévus par la loi (19%), elle envisage de détruire 150 logements locatifs abordables et en bon état. 

4/ Il aggrave les difficultés pour se garer. Le remplacement des parkings aériens gratuits par un parking souterrain payant va compliquer le stationnement pour tous.

5/ Enfin, ce projet est cher. La démolition de ces logements revient environ à 3 millions d’euros.

Pour ces raisons, l’Amicale des Locataires du mail demande à ce que le processus de relogement soit stoppé tant qu’une vraie concertation n’a pas été réalisée comme le prévoit la loi. À cette occasion, les autres scénarios de ce projet sans démolition doivent être présentés et discutés. 

Dans le journal TOUTES LES NOUVELLES du 26 janvier vous annoncez votre candidature aux Législatives. Et vous réitérez les belles promesses : être un « député proche du terrain » avec un « contact privilégié avec les administrés ».

« Être député », continuez-vous, « c’est être à l’écoute, améliorer le quotidien des français et ne pas simplement appliquer les volontés du château ».

Voilà exactement ce que nous souhaitons. Dans le cadre de la rénovation du Mail, nous voulons que vous nous écoutiez Mr le Maire, nous ne voulons pas subir les décisions du Château ! »

Amicale des Locataires du Mail
amicale.mail@gmail.com

Les droits au relogement : téléchargez et partagez la plaquette !

De plus en plus de procédures de relogement dans le cadre de démolition de logements sociaux sont en cours, mais souvent les locataires ne sont pas au courant de leurs droits. Depuis 1 an, APPUII travaille à l’élaboration d’un outil de communication et d’information sur ces droits.  À partir de l’analyse de la loi, des jurisprudences et d’expériences de terrain, cette plaquette revient sur les principaux droits des locataires délogés.   

Les procédures de délogement et relogement se multiplient. Seulement dans le cadre du programme national de rénovation urbaine, elles concernent plus de 74000 foyers situés dans 450 quartiers en France. Faute d’information, les locataires se voient souvent démunis face à ce type de projet et ne peuvent faire valoir leurs droits.

Cette brochure est un outil d’information des locataires à reloger et une « aide pour agir ». Organisé en deux parties, le dépliant informe d’une part sur les étapes d’un processus de relogement ainsi que les acteurs impliqués. Elle explicite principalement les devoirs des bailleurs dans la mise en œuvre d’une vraie concertation pour négocier une charte de relogement. D’autre part, elle précise les 4 principales conditions que le bailleur se doit de respecter (ressources du locataire, localisation, besoin du ménage et état du logement).

Il est fréquent qu’aucune charte de relogement ne soit directement négociée avec les locataires et que certains de leurs droits soient bafoués. Dans ce cadre, les amicales de locataires jouent un rôle primordial ! Si vous êtes confronté à de telles situations, n’hésitez pas à nous contacter.

En espérant que cette brochure vous donnera les clés pour faire valoir vos droits. N’hésitez pas à la diffuser. Vous trouverez la version en PDF ici.

Pour plus d’information sur les droits au relogement, vous pouvez nous contacter : associationappuii@gmail.com

Cité du Valibout : Valoriser l’histoire du quartier contre les démolitions.

Depuis maintenant trois mois, des chercheurs liés au projet Copolis réalisent, en collaboration avec le collectif des habitants du Valibout et APPUII, un travail sur l’histoire de cette cité, construite dans la ville de Plaisir depuis le début des années 1970. Initiée à la demande d’habitants mobilisés contre l’actuel projet de rénovation urbaine – qui prévoit de démolir une partie du quartier – la recherche vise à valoriser la mémoire de celles et ceux qui habitent la cité, pour empêcher que des démolitions continuent à être réalisées contre l’avis des habitants. 

« Il y a 40 ans, c’était un village tout le monde se connaissait » … Autour de plusieurs photos d’archives collées sur des panneaux, formant une petite fresque, plusieurs habitants de la cité du Valibout échangent leurs souvenirs. L’un d’eux se rappelle : « J’avais quinze ans à l’époque, il y avait plusieurs lieux dans le quartier, le club du 5, le 500 m2 aussi, il y avait des activités pour les jeunes, ping-pong, babyfoot, des spectacles… ». Face aux images de différents espaces municipaux et associatifs démolis depuis des années, un plus jeune réagit : 

-C’était ça le 500 m2 ? …

-Oui, et puis il y avait aussi un bowling.

-Tu mens… Pourquoi ils l’ont enlevé ? 

Une habitante ajoute, en référence à un autre lieu, détruit plus récemment : « En détruisant le Silo, ils ont détruit pas mal de choses… ils ont détruit des trucs, c’est comme ça ». Un autre l’interrompt : « Eh mais c’est Hassan et Naim là, sur la photo? … ». 

Ce dimanche 19 décembre, à l’occasion de la fête de quartier du Valibout, à Plaisir (78), plusieurs grands barnums ont été montés sur la place du « bac à sable », au cœur de la cité. L’événement est organisé par un collectif d’habitants créé au Valibout depuis 2018, le Comité DAL 78, avec le soutien de l’association APPUII et du projet Copolis. Dans l’un des barnums, Copolis a mis en place un stand dédié à l’histoire du quartier : une fresque historique rappelle différentes étapes de l’évolution de la cité, depuis sa construction dans les années 1970. À l’époque, en marge de la création de la ville nouvelle de Saint-Quentin, plusieurs quartiers de grands ensembles sont construits dans cette partie des Yvelines. À Plaisir, Trappes ou Élancourt, des cités sont alors érigées pour accueillir une main-d’œuvre attirée par la ville nouvelle, mais aussi des travailleurs liés aux grandes usines de l’ouest parisien, l’usine Renault de Boulogne-Billancourt, ou encore celle de Poissy, reprise par Peugeot en 1978. Inaugurée à partir de 1974, au milieu des champs et des marécages, la cité du Valibout fêtera bientôt ses 50 ans d’existence. 

Non loin de la fresque qui retrace ces cinq décennies d’histoire locale, des documents et photos d’archives éparpillés sur une table donnent lieu à des discussions entre différentes générations d’habitants. Quelques affiches suspendues évoquent, elles, deux lieux de sociabilité importants dans l’histoire du quartier, le 500 m2 et le 1000 feuilles (centre d’animation situé dans un grand bâtiment circulaire, le Silo 9). Ces espaces ont été démolis au cours des dernières décennies, dans l’incompréhension des habitants. Autour du stand sur l’histoire locale, se poursuivent les débats animés sur le passé de la cité, rassemblant plusieurs “anciens” et “anciennes” du Valibout, avant le début des prises de paroles et du concours de cuisine tant attendu, dans la grande tente. Près de l’entrée des barnums, une grande banderole “Non aux démolitions” vient rappeler le mot d’ordre du rassemblement. 

Dans la cité du Valibout, une mobilisation d’habitants se fait actuellement entendre contre un projet de rénovation urbaine, porté par l’ANRU et la mairie de Plaisir, qui prévoit de détruire une partie du quartier. Parmi les lieux que le projet prévoit de démolir : une école, la zone commerciale piétonne et plusieurs bâtiments. Selon le projet, ces différents édifices, vieux de cinquante ans à peine, et pour certains en cours de rénovation, seraient démolis pour laisser place à un centre commercial flambant neuf et à deux routes qui traverseront le quartier. Ce que critiquent les habitants mobilisés : l’incohérence de démolir des bâtiments récemment rénovés dans un projet qui ne semble pas prendre en compte les besoins actuels des habitants, pour privilégier des intérêts immobiliers extérieurs au quartier. Par ailleurs, ils perçoivent la campagne de concertation, que la mairie dit avoir mise en place, comme une opération de façade, qui n’a pas réellement sollicité les habitants sur les éléments les plus importants du projet. 

Pour les habitantes et habitants mobilisés, ce n’est pas seulement la voix de ceux qui vivent au Valibout qui a été ignorée mais c’est l’histoire du quartier elle-même. Pour cette raison, dans le cadre de la mobilisation, certains habitants ont voulu commencer un travail de sauvegarde et de mise en valeur de la mémoire du Valibout. Sollicité par le comité de résidents DAL 78, nous avons alors commencé un travail de recherche collaborative sur l’histoire du quartier. Derrière ce nous, deux chercheurs de l’Université Saint-Denis Paris 8 : Élise Havard dit Duclos, sociologue, et Philippe Urvoy, historien. Dans le cadre de la mobilisation en cours, nous intervenons en tant que membres du projet Copolis[1], projet porté par le laboratoire LAVUE (Université Paris 8 / Paris Nanterre / CNRS), qui s’intéresse aux collaborations entre habitants et université et vient en soutien à des mobilisations urbaines dans différents quartiers.

Dans le quartier du Valibout, pour commencer cette recherche avec les habitants mobilisés, nous leur avons d’abord présenté une première proposition de feuille de route. Au cours de plusieurs discussions avec le collectif habitant, nous avons retouché avec eux cette proposition initiale, que nous revoyons et adaptons constamment au fur et à mesure de nos échanges. Depuis bientôt trois mois, nous réalisons des entretiens avec des habitantes et habitants du quartier et des travailleurs municipaux proches du Valibout, et nous réunissons les archives et traces écrites qui témoignent de son histoire. 

Parmi les éléments qui ressortent de ces échanges, on observe que ce n’est pas la première fois, dans l’histoire du quartier, que des équipements urbains sont démolis sans prise en compte de l’avis et des usages des habitants. Depuis les années 1990, un ensemble d’équipements ont été fermés puis détruits, suscitant colère et incompréhension de la part de ceux qui les fréquentaient. Parmi eux, quantité d’espaces dédiés à la jeunesse ont fermés leur porte, contre l’avis des habitants : le club jeunesse 500 m2 (fermé puis démoli dans les années 1990), le club des 5 et le club bis, ou encore le centre d’animation du 1000 feuilles, situé dans le Silo 9, fermé puis démoli ces dernières années, malgré la résistance de certains commerçants qui y travaillaient. 

Au fur et à mesure de fermetures et démolitions arbitraires, qui reflètent les réallocations budgétaires de la politique de la ville depuis 30 ans, la disparition de tels espaces a rendu plus difficile la vie associative et culturelle dont témoigne l’histoire du quartier. Dans le cadre de l’actuel projet de rénovation urbaine, le cycle des démolitions imposées aux habitants semble vouloir se reproduire encore une fois dans la cité du Valibout. Mais pour une partie des habitants, il n’est pas question que l’histoire se fasse cette fois-ci sans eux. C’est justement l’importance de se réunir et de penser ensemble l’avenir du quartier que l’actuelle mobilisation essaie de promouvoir. Sur ce point, la dernière fête du quartier, le 19 décembre dernier, a réuni des centaines de participants, montrant l’engagement des habitants à discuter de l’histoire et de l’avenir du Valibout.

La mobilisation et la recherche historique sur le quartier suit actuellement son cours, avec le projet de diffuser les matériaux collectés sous plusieurs formats, au sein du quartier et au-delà, au cours des prochains mois. À suivre…

                                                                                     Philippe Urvoy et Élise Havard dit Duclos


[1] Pour plus d’informations sur le projet Copolis, voir : https://copolis.hypotheses.org/

Valibout (Plaisir, 78) : la mobilisation prend forme !

Le 19 décembre dernier la fête de fin d’années du Valibout réunissait environ 300 personnes. Au programme : barbe à papa, château gonflable, concours de cuisine, atelier banderole et stands d’informations sur le projet de renouvellement urbain. Le collectif d’habitants a exprimé la nécessité de se mobiliser face au projet porté par la municipalité, et a donné la parole aux autres associations qui s’étaient déplacées pour l’occasion. « Ces routes sont dangereuses pour nos enfants » ; « Les démolitions sont inutiles et coûteuses » ; « Nous voulons un quartier mieux doté pour ceux et celles qui y habitent » ; expliquent les intervenants. Dehors, un stand avec une grande maquette, des cartes et une pétition, accueille toutes celles et ceux qui souhaitent en savoir plus sur l’actuel projet contesté.

Le collectif des habitants du Valibout ont animé la journée

Stand d’explication du projet urbain animé par APPUII

Tour à tour, les habitants posent leurs questions et s’inscrivent pour de futurs ateliers. Une voisine témoigne « ils ont coupé mon chauffage depuis plusieurs mois pour me faire partir. C’est une honte, je ne sais pas quoi faire ». Elle est accompagnée par son jeune voisin qui l’a convaincu de rejoindre la mobilisation. Les membres d’APPUII, du DAL et de Copolis prennent note et proposent de participer à la production de la concertation alternative qui commencera en janvier. A quelques mètres de là, un stand sur l’histoire du quartier permet à chacun.ne de partager ses souvenirs et de raconter à Philippe et Élise leurs anecdotes sur les anciens équipements disparus : le cinéma, le mille-feuille, le 500 mètres. Ces derniers mènent un travail de recherche sur la mémoire du quartier depuis plusieurs mois. Ils publieront leurs avancées dans le journal du quartier : « Le Réveil ». Enfin, l’après-midi s’est clôturée en joie, avec le résultat du concours de cuisine international, la gagnante s’est vu remettre un chèque cadeau d’une valeur de 100 euros. L’ensemble des participantes pourront partir en weekend dans une ville de leur choix en minibus.

Les 13 candidates du concours de cuisine

Si la fête s’est terminée dans la soirée en musique, ce n’est que le début du travail des associations, qui d’ici quelques semaines accompagneront les étudiants en urbanisme de l’université de Nanterre. Pendant 3 mois, ils réaliseront un diagnostic territorial des usages de l’espace public du quartier, à travers des entretiens, des parcours commentés, et une cartographie des usages. Ils seront ensuite rejoints par des étudiants en architecture (des ENSA Malaquais et la Villette) qui, dans le cadre de leur diplôme, envisageront des alternatives au projet municipal.

Les enfants aussi étaient conviés à la fête au menu : barbapapa, château gonflable et jeux de sociétés.

L’affiche de l’événement et le numéro 3 du journal “Le Réveil”

Si vous souhaitez plus d’information sur le projet :
– Comité DAL 78 : comitedal78@gmail.com
– Association APPUII : associationappuii@gmail.com

A très vite !

Bois de l’Étang (La Verrière, 78) : La forte participation des habitants durant la concertation légale est ignorée !

Depuis 2015, l’amicale et le collectif de locataires du Bois de l’Étang sont engagés à faire entendre la voix des habitants, afin que la rénovation urbaine du quartier se fasse avec eux et sans démolitions conformément à la concertation légale qui s’est déroulée entre 2017 et 2019 et financée dans le cadre de l’ANRU (Agence Nationale de Rénovation urbaine). Malgré la signature d’engagements durant les élections municipales de 2020, le maire actuel, M. Dainville, a déposé auprès de l’ANRU un projet contenant des démolitions et sans aucune concertation les habitants. Des habitants dénoncent ce projet. Ils demandent au maire une vraie concertation sur le projet de rénovation urbaine. Elle a finalement débuté le 18 octobre 2021 et devait se terminer fin novembre 2021. Face à une forte participation, et à l’expression majoritaire d’une opposition au projet de démolition (courriers envoyés au maire par voie d’huissier), le maire et les élus de la majorité décident de prolonger la concertation jusqu’à mi-février. Cependant, l’expression de cette opposition n’a pas été prise en compte dans le bilan de la concertation faite lors du conseil municipal du 1er décembre 2021. Cette concertation doit être l’occasion d’écouter les avis, même contestataires, des habitants et de prendre en compte leurs propositions.

Dans le projet urbain initialement prévu par la mairie, l’un des grands objectifs inscrits dans les documents de planification est de construire une centralité urbaine dans le quartier du Bois de l’Étang en réaménageant l’espace (démolition et relocalisation de l’école et du centre social au sud-est), ne permettant pas une synergie avec les nouveaux commerces construits à l’est. De plus, aucune place publique n’est prévue dans ce projet. La municipalité et le bailleur souhaitent engager une réhabilitation ambitieuse des logements, ainsi que la démolition de plus de 200 appartements. Ce projet envisage de conforter le mail central comme axe préférentiel des circulations automobiles entre l’est et l’ouest.

Sans totalement remettre les objectifs de ce projet en question, les habitants de la Verrière ont créé leur propre projet pour leur quartier. Cela passe par un projet plus pertinent d’un point de vue urbain, économique, social, mais aussi environnemental.

Ils souhaitent faire de ce quartier, comme la municipalité, une centralité de la ville. Les habitants de la Verrière ont pensé à affirmer cette orientation autour d’une place publique, où l’offre d’équipements et de services devra être complémentaire afin de répondre aux besoins des habitants.

Les habitants maintiennent en revanche une position ferme contre les démolitions de logements. Ils sont spacieux et de bonne qualité. Il est nécessaire de les réhabiliter, mais ils ne nécessitent pas d’être démolis d’un point de vue technique. De plus, 12 000 demandes de logements sociaux sont en attente à l’échelle de l’agglomération avec un manque de 30 000 logements. Par ailleurs, ces démolitions ne sont pas justifiées d’un point de vue économique, écologique et social.

La réhabilitation ambitieuse de ces logements de bonne qualité est nécessaire afin de renforcer la qualité de vie des habitants. Les architectes mobilisés sur ce projet ont l’ambition de casser l’effet barre en augmentant l’espace des logements par la création de vérandas répondant à l’usage des locataires. Les rez-de-chaussée et les toitures sont pensés pour des usages collectifs.

Contrairement à l’enjeu du projet municipal qui est de faire du mail un axe central pour les véhicules motorisés, les habitants souhaitent piétonniser le quartier pour renforcer les mobilités douces. L’usage automobile du quartier est aujourd’hui dangereux, les habitants souhaitent fermer le quartier aux voitures, sauf véhicules prioritaires. Une grande partie de l’espace public est aujourd’hui dédié à la voiture. L’enjeu sera de mieux gérer l’occupation des stationnements, occupés par de nombreuses voitures ventouses.

Ce projet urbain sans démolition semblait donc plus pertinent d’un point de vue urbain, environnemental et économique, il conforte également les réseaux de solidarité existants, favorisant ainsi les parcours résidentiels ascendants.

La dynamique nationale de démolition/reconstruction portée par l’ANRU justifie le relogement des habitants en leur assurant des parcours résidentiels ascendants. Cependant, les travaux de Christine Lelévrier ont montré que les familles les plus précaires peuvent se retrouver dans des situations encore plus instables.

L’association APPUII a montré à travers sa mission « Solidarité Covid » soutenue par la fondation Abbé Pierre qu’il existe un fort dynamisme associatif dans le quartier de Bois de l’Étang. Ces associations soutiennent les habitants et touchent des publics parfois très éloignés des institutions. Ainsi, leur rôle est indispensable et repose sur des années de voisinage. La démolition et le relogement d’habitants en dehors du quartier mettent en péril ces liens de solidarité et peuvent à terme renforcer la précarité de ces ménages.

Le projet des habitants montre qu’ils sont, en tant qu’usagers du quartier, les seuls à véritablement connaitre leurs besoins. Il reprend plusieurs objectifs du projet municipal, tout en faisant de bois de l’Étang une centralité de la ville, un lieu agréable et dynamique.

Il démontre à plusieurs échelles – écologique, économique et sociale – qu’il est bien plus en phase avec la réalité actuelle que les prévisions de la mairie.

La totalité du projet alternatif est disponible ici.

Pour plus d’informations sur le projet, vous pouvez nous contacter :

APPUII : associationappuii@gmail.com

Amicale de locataires du Bois de l’Etang : amicaledeslocataires.be@gmail.com

Le collectif des locataires : collectif.du.be@gmail.com

Le Mail (Vélizy, 78) : Une démolition difficile à comprendre pour les habitants

À Vélizy, dans le quartier du Mail, un projet d’aménagement pour créer un nouveau cœur de ville est en discussion depuis l’été 2021. Ce projet prévoit la démolition d’une barre de 118 logements et de deux cages d’escalier d’un autre immeuble. Face au manque de concertation et à ces démolitions, un groupe d’habitants s’est mobilisé contre ce projet. Avec le soutien d’APPUII, ils ont réalisé une enquête qui montre que 98% des habitants interrogés se sentent bien dans leur quartier et 93% se sentent bien dans leur immeuble. Les deux tiers des locataires souhaitent rester dans leur logement. Au regard de ces résultats, le projet ne fait pas consensus et doit donc être mis en dialogue !

© APPUII

Le quartier du Mail est l’un des quartiers de l’ancienne Zone à Urbaniser en Priorité (ZUP) de Vélizy. C’est un quartier relativement aisé qui ne fait pas l’objet de dysfonctionnements urbains et sociaux majeurs. Aux dernières élections, le maire élu s’était engagé à transformer le quartier du Mail. Ce projet de « cœur de ville », prévoit le déplacement de la galerie commerciale aux pieds des immeubles alentour, la démolition d’une barre d’immeuble et de deux cages d’escaliers d’une autre, la création d’un plan d’eau, la suppression des stationnements extérieurs et la construction d’un projet immobilier de 5 tours de logements privés. Ce projet prévoit ainsi le délogement de 150 foyers disposant de loyers plafonnés, inférieur au prix du marché.

Photo du projet « cœur de ville » (source : site de la ville de Vélizy)

Face à ce projet, l’amicale de locataires a fait appel à APPUII pour les accompagner techniquement face à ce projet. Dans un premier temps, l’enjeu est de connaitre le point de vu des locataires sur le projet et leurs souhaits de relogement. Une enquête par questionnaire a été menée auprès de 52 habitants (sur 112 logements occupés), soit un peu plus de 46% des locataires. La majorité des locataires rencontrés sont satisfait de leur quartier (96%), de leur immeuble (93%), et souhaite rester dans leur logement (66%). Ceux souhaitant partir l’expliquent du fait de l’inadéquation entre leur logement et l’évolution de leur situation familiale. Ces résultats sont profondément en contradiction avec le discours municipal qui affirme que la majorité des habitants sont favorables à ce projet. L’ensemble des résultats de l’enquête sont disponibles ici.

Cette enquête avec les habitants des immeubles montrent également le faible niveau de concertation. Deux réunions publiques d’informations ont eu lieu, mais il n’y a pas eu de concertation ayant pour objectif de discuter du projet d’aménagement. Deux autres hypothèses sans démolitions ont été réalisées sans être présentées.

Il n’y a pas non plus eu de concertation dans le cadre du processus de relogement contrairement à ce que prévoit l’article 44-4 de la loi tendant à favoriser l’investissement locatif, l’accession à la propriété de logements sociaux et le développement de l’offre foncière. Cette loi prévoit la réalisation par le bailleur d’une démarche de concertation avec les amicales de locataires devant aboutir à la production d’une charte de relogement précisant les conditions de relogement. Les habitants ont simplement reçu un courrier les informant de la démolition de leurs logements. Ils ont pu exprimer leurs souhaits par courrier.

Pour plus d’informations sur le projet vous pouvez nous contacter :

APPUII : associationappuii@gmail.com

Amicale de locataires du Mail : amicale.mail@orange.fr

Le Valibout (Plaisir, 78) : des routes et des démolitions contestées

Dans la plus grande discrétion, samedi 6 novembre, la maire de Plaisir a annoncé le début de la concertation du projet de rénovation. Au programme : la démolition de trois bâtiments de logements et de l’école maternelle Louise Michel réhabilités récemment pour permettre la construction de quatre routes, le regroupement scolaire de l’ensemble des écoles du quartier. Le tout sous couvert d’ un label «écoquartier». Le comité DAL 78 et les habitants ont fait appel à APPUII pour faire face à ce projet imposé sans concertation.

Profitant de l’inauguration du nouveau restaurant scolaire du quartier du Valibout, la maire annonce le début d’un mois de concertation sur le projet de rénovation urbaine. Nous découvrons alors un projet dont les grandes lignes (démolitions, nouvelles routes) sont qualifiées « d’invariables » par le préfet alors même que les habitants n’ont jamais été consultés. Ce déni de concertation est à l’image de cette réunion publique qui ne dit pas son nom. En effet, il faut de bons yeux pour lire les petites lignes sur l’affiche de l’inauguration du restaurant scolaire placardée dans les halls d’immeubles quelques jours auparavant « venez découvrir et échanger autour du projet ». Ce détail illustre la volonté de ne pas rendre public l’événement. Ce n’est pas nouveau. Déjà en 2019, lors de la première concertation, la mairie s’était fait reprendre par l’ANRU pour défaut de réunion publique. C’est alors que le conseil municipal avait validé le 7 juillet 2021 « qu’au moins une » réunion de co-construction aurait lieu lors de cette seconde concertation qui ne durera qu’un mois.

Concrètement, le projet vise à démolir des bâtiments pour faire passer des routes. Les logements ciblés viennent d’être réhabilités et certains travaux n’ont même pas encore été terminés. L’objectif est de faciliter les circulations automobiles dans le quartier, notamment dans une perspective sécuritaire. Les trois autres nouvelles routes permettraient d’accéder en voiture au pieds d’immeubles et de créer des pistes cyclables pour améliorer les circulations douces. Enfin, le regroupement des trois écoles en une « cité éducative » permettrait d’en améliorer les conditions d’enseignement.

Autant d’éléments contradictoires peinent à trouver un sens pour les habitants, qui pour certain.es, découvrent le projet par le travail d’information que mène le comité DAL et APPUII. Ce projet suscite de nombreuses interrogations : quelle est l’utilité réelle de ces nouvelles routes ? Elles favorisent les nuisances sonores et atmosphériques, en plus de créer de véritables problèmes de sécurité pour les enfants sur le chemin de l’école. Pourquoi détruire des logements sociaux è peine réhabilités, alors qu’il y en a un manque cruel ? Cette solution semble à contre-courant des ambitions environnementales et sociales portées par le label « écoquartier ». Enfin, comment l’augmentation de la taille de l’école par le regroupement des deux groupes scolaires existant permettrait-elle d’améliorer les conditions d’enseignements ? Alors que le nombre d’habitants doit augmenter dans le quartier, on peut s’interroger sur l’intérêt de cette fusion. Autant de questions sans réponses que posent les habitants.

APPUII soutient le comité DAL 78 pour permettre aux habitants de faire entendre leur voix sur l’avenir du Valibout. Dans les semaines à venir, des ateliers de travail participatif seront mis en œuvre afin de construire un projet à l’image des besoins et souhaits des habitants.

Si vous souhaitez plus d’infos sur le projet vous pouvez contacter :

Bois de l’Etang (La Verrière, 78) : un projet porté par les habitants plus économe !

Au Bois de l’Etang, dans la lignée du bilan de la concertation réglementaires  du projet de rénovation urbaine qui s’est déroulée de 2017 à 2019 ; l’amicale et le collectif de locataires et APPUII travaillent depuis 2019  à un projet urbain n’impliquant aucune démolition et la réhabilitation ambitieuse de la totalité des immeubles. Du point de vue de l’habitat, ce projet que la nouvelle municipalité discréditait du fait de son infaisabilité financière se révèle être 19.9 millions d’euros moins chers que le projet prévu par la municipalité.

Projet de réhabilitation défendu par les habitants (©Riyad Madhi)

Depuis 2015, l’amicale et le collectif de locataires du Bois de l’Étang sont engagés à faire entendre  la voix de la majorité des habitants pour que la rénovation urbaine du quartier se fasse avec les habitants et sans démolitions. Après avoir démontré qu’un projet urbain sans démolition semblait plus pertinent d’un point de vue urbain et environnemental, le chiffrage de l’opération révèle que c’est également un projet plus économe financièrement ! En effet, il permet d’économiser 19,9 millions d’euros par rapport à celui prévu par la municipalité. 

Des opérations de démolitions / reconstructions très onéreuses

Selon les données issues de la convention Prior’Yvelines validée par le conseil municipal de La Verrière et certaines estimations au regard du marché de la construction, nous pouvons évaluer le coût total du projet municipal en matière d’habitat à 52,6 millions d’euros.

On estime, à travers les coûts actuels de démolition, que la démolition de 212 logements sociaux revient à 7,5 millions d’euros soit un peu plus de 35000 euros par logement.  

Étant donné la tension du logement social, on peut imaginer aisément que le bailleur devra reconstruire au moins 1 logement, pour 1 logement détruit. Étant donné les coûts de construction actuels moyens, la construction de 212 logements revient à 23,7 millions d’euros, soit environ 111 000 euros par logement.

Enfin, selon les estimations du projet de rénovation urbaine, la réhabilitation des 404 logements restants est estimée à 21,4 millions d’euros, soit 53 000 euros par logement.

Une réhabilitation plus ambitieuse et moins couteuse

Le projet alternatif proposé par les habitants ne prévoit aucune démolition, mais la réhabilitation complète de tous les immeubles du quartier. Il prévoit une réhabilitation intérieure des logements, l’isolation thermique par l’extérieur, et la création de loggias. Le détail du projet urbain est disponible ici et le chiffrage .

Le coût est estimé à 33,7 millions d’euros au total, en prenant comptent les coûts liés à la présence d’amiante, soit 54 600 euros par logement pour les 616 logements.

Le projet sans démolition permet donc en matière d’habitat  une économie de 19,9 millions d’euros. Les démolitions/reconstructions prévues initialement dans ce quartier sont aberrantes puisqu’elles ne répondent pas aux enjeux et besoins des habitants, et sont plus chères. À quoi cela servirait-il de réaliser des projets plus chers et moins adaptés aux habitants ?

L’ANRU pousse à la démolition des logements sociaux dans le cadre de projet de rénovation urbaine. La municipalité justifiait ces opérations par son besoin d’obtenir les financements de l’ANRU afin de procéder également aux réhabilitations. Cependant, le montant total de la subvention accordée par  l’ANRU pour ce projet (habitat et aménagement urbain) s’élève « uniquement » à 11,2 millions d’euros, bien loin des 19,9 millions d’économies.

Dans ce contexte, l’argument financier de l’ANRU ne  peut plus être mis en avant. Dans une précédente étude, nous avons également montré que le projet sans démolition  était plus écologique. Nous démontrons qu’il est plus économe. Jusqu’à maintenant, ni la mairie, ni la préfecture ne souhaitent rencontrer le collectif et l’amicale de locataires du Bois de l’Étang qui souhaitent échanger sur les enjeux réels de ce projet urbain ! 

Si vous souhaitez plus d’informations sur cette étude, vous pouvez contacter l’association APPUII : associationappuii@gmail.com